Marie-Rose MORO & T. FERRADJI : « Les dépendances, approche transculturelle »

In : Humeurs…, n° 39 – 2006 : 11-15

Marie-Rose MORO est Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université Paris 13, et chef du service de psychopathologie à l’Hôpital Avicenne, bobigny. Elle est également Directrice de la revue L’autre.

T. FERRADJI est Psychiatre, docteur en psychologie, praticien hospitalier, Hôpital Avicenne, service de psychopathologie.

« Le malheur des uns, c’est de n’avoir pas dit ce qu’ils ont vu, le malheur des autres, c’est de n’avoir pas cru ce qu’ils ont vu. » Proverbe malgache

Au-delà de l’abus et de l’usage nocif, les dépendances, avec ou sans objet, seront abordées dans leur rapport à la culture et la migration à partir de l’expérience d’une consultation familiale et transculturelle pour patients dépendants.

Sur le plan théorique, sémiologique et classificatoire, le concept de dépendance a connu ces dernières années une évolution qui, le faisant sortir des strictes limites de la pharmaco-dépendance où il était cantonné jusque-là, recouvre aussi bien des conduites que des modes de comportement et, parallèlement se voit de plus en plus substituer le terme d’addiction. Les deux termes sont d’origine juridique et empruntés au français médiéval et ont été employés préférentiellement par les Français pour la dépendance et les Anglo-Saxons pour l’addiction ; ils s’enrichissent plus qu’ils ne recoupent le même contenu. Le spectre des dépendances ne cesse de s’élargir et d’être investi par des pratiques et théories qui, parfois, occultent sa dimension psychodynamique comme moyen de protection contre l’angoisse et/ou de lutte contre une angoisse dépressive, comme mécanisme de défense ou comme une vaine tentative de pallier et/ou de réactualiser une dépendance affective. Pourtant, il ne faudrait pas s’intéresser qu’au seul comportement réduisant ainsi son intérêt théorico-clinique et les possibilités thérapeutiques à terme.

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