Éditeur : Gallimard (8 avril 1966)
Collection : Bibliothèque des sciences humaines
Quatrième de couverture
La culture européenne est sans doute la seule au monde qui ait prétendu faire de l’être humain l’objet de ses connaissances et de l’humanisme la forme répétée de ses justifications. Les sciences humaines d’aujourd’hui sont plus que du domaine du savoir : déjà des pratiques, déjà des institutions. Or, le modèle des sciences exactes les obsède, tandis que l’idée d’un homme se libérant à mesure qu’il se connaît mieux passe au rang d’un humanisme usagé. Quel est donc le destin – commun, séparé – de ces » sciences humaines » et de cette idée d' » homme » ? Michel Foucault analyse leur apparition, leurs liens réciproques et la philosophie qui les supporte. C’est tout récemment que l' » homme » a fait son apparition dans notre savoir. Erreur de croire qu’il était objet de curiosité depuis des millénaires : il est né d’une mutation intérieure à notre culture. Cette mutation, Michel Foucault l’étudie, à partir du XVIIe siècle, dans les trois domaines où le langage classique – qui s’identifiait au Discours – avait le privilège de pouvoir représenter l’ordre des choses : grammaire générale, analyse des richesses, histoire naturelle. Au début du XIXe siècle, une philologie se constitue, une biologie également, une économie politique. Les choses y obéissent aux lois de leur propre devenir et non plus à celles de la représentation. Le règne du Discours s’achève et, à la place qu’il laisse vide, l' » homme » apparaît – un homme qui parle, vit, travaille, et devient ainsi objet d’un savoir possible. Dans le rapport nouveau des Mots et des Choses, l' » homme » trouve le lieu de sa naissance. Il ne s’agit pas là d’une » histoire » des sciences humaines ; mais d’une analyse de leur sous-sol, d’une réflexion sur ce qui les rend actuellement possibles, d’une archéologie de ce qui nous est contemporain. Et d’une conscience critique : car le jour, prochain peut-être, où ces conditions changeront derechef, l' » homme » disparaîtra, libérant la possibilité d’une pensée nouvelle.