Nervure, Journal de Psychiatrie, n° 7 – Octobre 2006

Directeur de la Publication et de la Rédaction : Gérard MASSÉ

Rédacteur en chef : François CAROLI

EDITORIAL : LES RÉSEAUX DE SANTÉ EN SANTÉ MENTALE

La première Journée Nationale des Réseaux de Santé en Santé Mentale s’est tenue à Sainte-Arme le 10 octobre dernier. Son organisation doit beaucoup à Saïd Acef (PREPSY) et Mireille Arnaud (REHPI) qui ont comptabilisé une trentaine de réseaux en santé mentale, financés dans le cadre des Dotations Régionales de Développement des Réseaux, à partir d’un recensement réalisé auprès de l’assurance maladie et des observatoires régionaux de santé.
Les réseaux peuvent être définis comme des organisations de soins, au sein desquelles plusieurs équipes ou professionnels de santé coopèrent à une meilleure prise en charge de patients présentant un même problème d’ordre médical ou médico-social.
Alors que dès le début des années 80, l’épidémie de sida a joué un rôle inducteur, de 1985 à 1995, plusieurs facteurs ont pesé avec :
- des malades qui s’assument en tant que tels revendiquant une prise en charge globale et concertée ;
- la nécessité que les médecins communiquent mieux entre eux se forment continuellement et coordonnent leurs efforts avec crauu es professions ;
- la recherche de financements nouveaux.
Peu à peu on a assisté à des ouvertures successives :
- la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 a inscrit des modes de rémunération autres que le paiement à l’acte et a concerné la prévention, l’éducation à la santé, la formation, l’évaluation, les études de santé publique et de veille sanitaire ;
- début 2000, les URCAM et les ARH ont commencé à gérer les Fonds d’amélioration de la qualité des soins de ville en attribuant les subventions aux réseaux dont le projet est agréé ;
- la loi de financement de la sécurité sociale pour 2002 a introduit une dotation nationale de développement des réseaux (DRDR) inscrite dans lobjectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) qui impute les dépenses hospitalières, celle d’actions sociales mais aussi de soins de ville favorisant une fongibilité des enveloppes.
Les réseaux se sont surtout développés pour des pathologies demandant un suivi dans la durée, de nature médicale, médico-sociale et médico-psychologique. Peu à peu de nouveaux domaines cliniques ont été concernés : au début des années 80 le VIH, au débutdes années 90 l’exclusion et les addictions, à la fin des années 90 le diabète puis les cancers, les personnes âgées, la périnatalité. Si bien qu’on recense, actuellement, plus de 500 réseaux concernant les soins palliatifs, le cancer, le diabète, les personnes âgées, le handicap, la périnatalité, les addictions. Viennent en bien moindre nombre l’obésité, les pathologies dentaires et… la santé mentale. Ceux qui se sont engagés dans la mise en place de réseaux dont la fonction est de dépasser la logique des institutions, de pallier aux rigidités et aux cloisonnements veulent « fonctionner où cela ne fonctionne pas », travailler autrement, créer une dynamique. Attirés par « le poly-exercice et le poly-situationnel », ils acceptent « le parcours du combattant » des financements et une fragilité sur une base militante. C’est à ce prix qu’ils ont pu développer une véritable ingénierie de conception de réseaux. Si les réseaux demeurent fragiles, il n’existe pas un plan sans réseaux (cancer, périnatalité) à commencer par le plan Psychiatrie et Santé mentale 2005-2008 car, on le voit bien, les réseaux peuvent aider à dépasser les problématiques d’établissement, combiner médical, social, médico-social et, au-delà, politique de la ville, coordonner les réponses dans le temps et dans l’espace. Ils peuvent, également, constituer des laboratoires d’expérience pour ce qui intéresse :
- les compétences professionnelles dont on sait qu’elles sont sur le plan organisationnel souvent paramédicales et non soignantes,
- la division et l’organisation du travail,
- les possibilités d’échanges entre professionnels mais aussi et surtout entre ces derniers et les non professionnels,
- l’évaluation et la formation,
- l’ancrage territorial.
On peut attendre des réseaux qu’ils explorent et favorisent des réponses pour le basculement de l’intra vers l’extrahospitalier, le maillage et remaillage de solutions couvrant les zones blanches sur le plan du soin, l’articulation sanitaire, médico-social et social, les complémentarités entre public et privé, certains aussi importants que les urgences, la réhabilitation et gérontopsychiatrie et tout cela, dans l’esprit et la continuité du secteur.

Gérard MASSÉ

- SOMMAIRE

FMC : Les conséquences des situations de séquestration : sémiologie et typologie.

Psychanalyse : Danses pasoliniennes.

Entretien avec : Pierre Delion.

Humeur : La double-peine en psychiatrie.

Clinique : La question de la reconnaissance de son propre visage en schizophrénie. / Le vol et la cleptomanie.

Organisation des soins : Le tratement des données d’activité médicale ; / Enquête auprès des aidants familiaux.

Toxicomanie : Les risques méconnus liés à la consommation de cannabis.

Thérapeutique : Du traitement de la crise au long terme.

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