Neurologie et Psychiatrie, quelles connexions au bénéfice du patient ? par G. M.

Conférence de presse des Laboratoires Pfizer, Paris le 12 mars.

Paru dans : Nervure : Journal de psychiatrie, avril 2004, p.20. Disponible à l’adresse : http://www.nervure-psy.com/

Dans le cadre des interrogations actuelles, les deux spécialités que sont la neurologie et la psychiatrie, de leur nécessaire rapprochement et les bonnes raisons de mettre un terme à un divorce consommé depuis 1968, les laboratoires Pfizer ont réuni 400 représentants des deux spécialités pour échanger autour de plusieurs thèmes communs :

- place des IRS dans la prise en charge des patients migraineux,

- douleur chronique et dépression,

- analogies cliniques et physiopathologie entre épilepsie et maladie dépressive,

- de l’aigu vers le chronique, les facteurs de chronicisation,

- imagerie, stimulation et chirurgie fonctionnelle,

- entrée psychiatrique dans la démence,

- coprescription en neurologie et en psychiatrie.

Un bord d’experts représenté par le Professeur Ryvlin et le Docteur Lantéri-Minet pour les neurologues, le Professeur Boyer et le Docteur Chabannes pour les psychiatres, a élaboré des ateliers qui ont permis de nombreux échanges.

La veille, une conférence de presse a permis de situer les connexions possibles entre neurologues et psychiatres.

Patrice Boyer, dans son allocution introductive, a tenté de montrer quel substratum commun unissait, indéniablement, les deux spécialités. Il a montré comment depuis une quinzaine d’années la psychiatrie amorçait un net retour vers le cerveau aidée par les neurosciences. Pendant ce temps, la neurologie constatait que, dans les troubles qu’elle devait prendre en compte, le déficit en apport psychiatrique était fort préjudiciable, du fait de comorbidités importantes.

C’est autour de l’apparition du concept de plasticité neuronale que Patrice Boyer voit se développer, dans le futur proche, des échanges entre neurologues et psychiatres. En effet, ajoutée à la capacité de neurogénèse devenue évidente depuis quelques années, cette neuroplasticité pourrait amener à une « révolution cérébrale » concernant aussi bien les neurologues que les psychiatres en les sortant du « strict fixisme » qui les tenait jusque là écartés. Ainsi, des pathologies, qui auparavant paraissaient appartenir à l’un des deux domaines, ne pourraient plus être retenues comme d’un domaine exclusif et nécessiteraient une approche bifocale.

Jean-Paul Chabannes a pris le modèle de la dépression pour montrer comment les progrès des prises en charge ont fait glisser la spécialité psychiatrique de la seule conception psychopathologique vers une conception neuro-biologique. Prenant l’exemple du mécanisme d’action des antidépresseurs, il a montré comment on pouvait, de manière « neurologique », conceptualiser des modèles permettant l’intervention médicamenteuse sur un trouble de l’humeur. Il s’est bien gardé de proposer qui de la poule ou de l’œuf était le premier, mais a avancé que la boucle troubles psychiques -> modifications biologiques -> troubles psychiques devaient être considérée comme un ensemble indéfectible et non clivable au gré des écoles de pensée.

Michel Lantéri-Minet a conforté cette conception, et a apporté, grâce au modèle de la migraine, des compléments d’information sur les mécanismes mis en œuvre. Ainsi, reprenant le modèle d’activation synaptique, il a proposé une approche des répercussions sur le fonctionnement du sujet migraineux d’une dilatation des vaisseaux cérébraux. Les zones concernées au niveau cérébral iraient jusqu’à toucher le cortex limbique, lieu d’élection des mises en œuvre émotionnelles.

Philippe Ryvlin, à partir de la comorbidité épilepsie et troubles psychiatriques, a plaidé en faveur d’une convergence entre les deux spécialités. 0,8 % de la population française présente une épilepsie (500 000 personnes) et un tiers des patients non stabilisés (soit 40 % du total) est porteur d’un état dépressif majeur caractérisé et non d’une simple réaction dépressive. Or, l’utilisation des antidépresseurs apparaissait comme risquée chez l’épileptique, ce qui serait faux et nécessiterait des études plus fouillées menées par les deux spécialités. Ces états dépressifs majeurs ne seraient pas traités dans 90 % des cas, or le taux de suicide des épileptiques est trois fois supérieur à celui de la population générale.

Enfin, au nom des laboratoires Pfizer, le Docteur Fatma Bouvet de la Maisonneuve a rappelé combien le laboratoire, auquel elle appartient et qui commercialise des produits dans les deux spécialités avait saisi cette opportunité de réunir neurologues et psychiatres, deux spécialités qui ont, d’ailleurs, pris l’engagement de se retrouver, à terme, dans le Congrès de Psychiatrie et de Neurologie de Langue Française qui pourrait redevenir une plate-forme d’échanges scientifiques qui avait connu pas mal de relâchements ces dernières décennies.

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