Quiconque a approché les thérapies traditionnelles, s’est nécessairement rendu compte de la place centrale qu’ occupaient les objets tant dans l’établissement du diagnostic et le déroulement du processus thérapeutique que dans la résolution du transfert. Il s’agit tantôt de « faire parler » certains objets pour découvrir l’énigme du mal, tantôt de découvrir, puis d’annuler les objets maléfiques ou enfin de fabriquer des amulettes ou des talismans destinés à protéger la victime. Si les anthropologues se sont souvent attachés à décrire avec minute la nature, l’industrie et l’utilisation des objets « enchantés », les psychologues en revanche n’y ont vu qu’une expression « symbolique » et naïve de désirs d’amour et de haine confusément perçus.
Ce numéro prend naissance du triple constat suivant :
1) les thérapies traditionnelles semblent considérer que les objets constituent des opérateurs thérapeutiques spécifiques et efficaces ;
2) l’observation des processus montre que, sitôt qu’il apparaît, l’objet contraint thérapeute et patient à modifier leur registre de fonctionnement ;
3) dans les conceptualisations occidentales, il n’existe aucune place pour traiter l’objet en dehors de l’univers du langage.
Nous nous proposons donc d’explorer, et toujours de manière pluridisciplinaire, la fonction de l’objet dans les thérapies traditionnelles, sa possible utilisation dans les thérapies occidentales et enfin d’initier la nécessaire théorie générale de l’objet.