Deux colloques organisés par l’Association des Libres Cahiers pour la psychanalyse (1) sont à l’origine de cet ouvrage qui propose, à partir d’exposés qu’on trouvera, plus ou moins remaniés, et de leur discussion, d’ouvrir un débat sur le thème de la communication analytique. Ce que cherchent à éclairer les contributions présentées pourrait se formuler ainsi : en quoi consiste la spécificité de l’échange, entretenu pendant des années, entre l’analyste pensant, rêvant, associant dans son fauteuil et cet homme ou cette femme étendu sur un divan et laissant, en principe, libre cours à une parole qu’il ne maîtrise pas ? Max Dorra, montre comment la musique de film, quand elle ne se contente pas de souligner emphatiquement images et dialogues mais est décalée, pour ainsi dire discordante par rapport à eux, pouvait nous permettre de « palper » l’inconscient, cet inconscient dont on sait analyser, interpréter les productions, mais qui reste en son fond inconnaissable.
Michel de M’Uzan, réfléchissant sur l’écriture de fiction, rend compte de ces moments clés de saisissement que connaissent aussi’ bien l’analyste que l’écrivain, où la rencontre avec l’étranger en soi ouvre presque compulsivement à l’émergence créatrice. Catherine Chabert, indique comment ce qu’il y a de confidentiel dans l’échange analytique tient moins à l’aveu de secrets, de « confidences » qu’à la création d’un espace d’intimité à nul autre pareil. De là, le sentiment de trahison que ne manquent pas d’éprouver aussi bien les analystes que leurs patients quand quelque chose de cette intimité est, même non identifiable par des tiers, livré au public. Edmundo Gomez Mango montre comment les écrits de Freud changeaient de style selon leurs destinataires, comment ils pouvaient être alternativement didactiques ou à usage intime, littéraires ou scientifiques.
(1) Bordeaux, 1999 ; Lyon, 2001.
Textes de : Catherine Chabert, Max Dorra, François Gantheret, Bruno Gelas, Edmundo Gomez Mango, Michel de M’Uzan, J.-B. Pontalis, Jean-Claude Rolland.