Passage à l’acte. Entre perversion et psychopathie. Sous la direction de P. A. Raoult. L’Harmattan, 2002, 282 p.

Cet ouvrage rend compte des Troisièmes Journées de psychopathologie (1998) organisées au Centre Hospitalier (EPSDM) de Prémontré. Dans son introduction thématique, P.A. Raoult rappelle combien l’évolution historique a entraîné une mutation des rôles parentaux non seulement du fait du remplacement de la puissance paternelle par l’autorité parentale mais aussi en raison de la place d’interlocutrice privilégiée que la mère a acquise auprès de l’Etat et de ses instances. Le constat actuel est celui d’un « crépuscule des pères », du délitement du rôle paternel et de l’inconsistance de son rôle éducatif.

Le juge, dont la mission est d’aider et de conseiller la famille, ainsi que d’exercer un contrôle, demeure soucieux de réintroduire le père, de le remettre dans sa fonction lors du rappel à l’obligation de protection des parents et du respect de la loi par l’enfant. J.J. Rassial précise cette fonction paternelle en désignant non seulement son rôle de séparation, afin que l’enfant puisse se détacher de sa mère pour grandir, mais aussi la place qu’il occupe dans l’imaginaire de l’enfant en tant que modèle ou menace.

Cette fonction paternelle est ensuite explorée par M. Laurent au travers de la parabole du fils prodigue. Des illustrations cliniques des échecs éventuels de cette instauration pourraient se lire tant dans les actes transgressifs, dans les pratiques déviantes telle la toxicomanie dont traite P. Hachet que dans les actes meurtriers, et, en premier lieu, le parricide qui fait l’objet d’un travail de F. Marty.

Le propos d’A. Frottin précise les modes de restauration du sens de la loi qui assurent l’effectivité du travail thérapeutique. Ce rapport entre justice et psychiatrie est étudié par C. Flavigny. La collaboration entre justice, psychiatrie et psychologie s’avère nécessaire mais demeure complexe dans ses attendus. A. Vernet et M. Hénin en précisent toutes les ambiguïtés. Certaines personnes présentent une véritable dynamique perverse. R. Coutanceau note combien ces sujets immatures, égocentriques, visent à avoir une emprise sur l’autre qu’ils ne reconnaissent pas comme une personne.

C. Gongora précise le paradoxe du pervers, dans l’entre-deux entre psychiatrie et justice. Cependant le partenariat avec le dispositif de soins peut encore se développer. J.P. Bouchard, à partir d’un document vidéo saisissant, évoqué au travers d’un compte-rendu, à propos d’un auteur d’agression sexuelle en série, démontre comment se construit la conduite perverse violente et illustre les diverses interventions précédentes. Y. Gérin, quant à lui, s’interroge sur la question de la perversion chez l’enfant, plus difficile à préciser en raison du fait qu’il est un être en développement.

*La première édition est parue aux Editions Seghers en 1992 sous le titre Histoire de la Schizophrénie.

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