In : Actualités sociales, n° 1979 – 14 juin 1996 : 21-22
Hebdomadaire.
Comment prendre en chardge l’enfant africain qui a grandi en France ? Jusqu’où faut-il tenir compte des valeurs de sa société d’origine ? Des psychologues africains apportent un éclairage critique.
« Si tu fais encore des bêtises, je vais te battre. – En France, on ne bat pas les enfants. » Cet échange entre un père africain et son enfant de 6 ans, cité par Ferdinand Ezembe, psychosociologue et directeur d’Afrique conseil, illustre ce qu’il appelle le « syndrome du numéro vert ». C’est-à-dire, au-delà de la seule transmission aux enfants d’un numéro de téléphone destiné à recueillir leurs plaintes, le risque, au nom des droits de l’Enfant, de fragiliser davantage l’identité culturelle des enfants africains et ce qu’il reste d’autorité à leurs parents, confrontés à des valeurs qui leur sont encore étrangères.
Pour les travailleurs sociaux présents aux journées organisées par l’association, il s’agissait de comprendre l’origine des difficultés rencontrées dans leurs pratiques professionnelles vis-à-vis des enfants africains. Les discussions souvent passionnées qui ont ponctué ces deux journées témoignent de la difficulté – même pour des professionnels – de rester neutre face à des pratiques éducatives – châtiments corporels des enfants, mariage forcé des filles, excision – parfois jugées scandaleuses. Des débats d’autant plus vifs qu’il ne s’agissait pas seulement pour les participants de parler « des » Africains, mais aussi et surtout de parler avec des Africains, les formateurs de l’association étant tous d’origine africaine. […]