Éditeur : Vrin (2000)
Collection : BIBLIOTHEQUE D’
Quatrième de couverture
Depuis Aristote, on entend par catégories des concepts très généraux, dont la généralité ne dérive pas de l’expérience, mais en quelque sorte la précède, puisque c’est eux et eux seuls qui nous permettent de penser et de l’organiser. Ces concepts – substance, quantité, relation, qualité, lieu, temps, action, passion, situation, avoir – sont-ils des liés aux structures universelles de toute pensée ou bien sont-ils liés aux particularités sémantiques ou syntaxiques d’un système linguistique particulier, en l’occurrence de la langue grecque, à l’intérieur de laquelle ils ont été pour la première fois énoncés et rassemblés ? Les études ici réunies, issues d’un séminaire qui s’est poursuivi durant plusieurs années au Centre de recherche sur la Pensée antique de l’Université de Paris-Sorbonne, associé au C.N.R.S. (Centre Léon-Robin), s’efforcent d’apporter des éléments de réponse à cette grande question, qui demeure au centre des discussions contemporaines sur les rapports de la philosophie et du langage. Leur apport spécifique consiste dans une exégèse rigoureuse des analyses du traité aristotélicien des Catégories, éclairé par les développements ultérieurs de la doctrine, tels que nous les connaissons notamment à travers le Commentaire du Néoplatonicien Simplicius. Certaines de ces études examinent l’influence ou les transformations des catégories aristotéliciennes chez les Stoïciens, les grammairiens grecs de la fin de l’Antiquité, les Néoplatoniciens tardifs, les Pères de l’Église et dans la tradition latine antique et médiévale. D’autres notions générales, qui ne sont pas des catégories proprement dites, comme celles de « chose », de « cas », de « disposition », sont également envisagées.
Ces études, rassemblées et présentées par P. Aubenque, précédées d’une bibliographie annotée et accompagnées de deux index, sont dues à douze auteurs R. Brague, J. F. Courtine, J. L. Delamarre, B. Dumoulin, P. Hadot, P. Hoffmann, M. Narcy, D. O’Brien, J. Pépin, L. Routila, N. Vamvoukakis, F. Zaslawsky. Elles contribuent à thématiser quelques-unes des présuppositions de la compréhension grecque de l’être : traits fondamentaux, et pourtant restés souvent implicites, qui manqueront pour longtemps – au moins jusqu’à Kant et à sa « table des catégories », mais sans doute aussi au delà – toute la métaphysique occidentale et qui ne resteront pas sans influence sur l’histoire des sciences.