A l’aube du 20ème siècle, les militantes du féminisme catholique bouleversent les pratiques charitables de la bourgeoisie en s’installant à demeure dans les quartiers les plus défavorisés de la capitale. D’où l’hostilité rencontrée par les pionnères des « Maisons sociales » qui refusent de jouer le jeu traditionnel des bonnes oeuvres : elles devront capituler en 1910 , à l’issue d’un procés retentissant. A la fin de la guerre, elle réapparaissent sous le costume d’infirmière-visiteuse ou de sur-intendantes. parmi ces praticiennes, on compte quelques fortes personnalités dont les nombreux écrits et l’action mutiformes influenceront l’ensemble de la profession. La Création, en 1932, du diplôme d’Etat ouvre la période des techniciennes et de la laïcisation. l’Etat prend peu à peu le relais des oeuvres privées, les assistantes sociales connaîtront la tentation bureautique… Puis, comme tout le monde sait, vient la phase de la pratique psychosociale, à son tour mise à l’épreuve à travers le débat politique et culturel concernant les finalités du travail social. Cependant, ceci appartient à notre présent, alors que l’histoire du service social n’a jamais encore fait l’objet d’ un effort de synthèse. ce regard d’ensemble sur le devenir d’une action et d’une présence ne répond pas au seul désir du souvenir. Il fait apparaitre les mutations d’une profession et d’une société dont la simple évocation représente déjà une manière de prise de position.
R.-H. GUERRAND, M.-A. RUPP : Brève Histoire du Service Social en France 1896-1976
Edition Privat, Collection Regard