E. Grange-Ségéral et F. Aubertel tentent de repérer les fonctions organisatrices et défensives des rituels familiaux. En tant que thérapeutes familiales psychanalytiques, elles se centrent sur le rituel comme défense contre les conflits et les angoisses archaïques sous-jacentes à l’organisation fusionnelle du lien. A l’aide d’un exemple clinique, elles montrent comment le rituel sert de contention aux fractures traumatiques de l’originaire familial, en organisant des formes collectives répétitives sensori-motrices et pré- symboliques qui caractérisent l’être ensemble d’une famille.
Ces formes, travaillées dans les éprouvés et les analyses contre-transférentielles du groupe de thérapeutes, sont importantes à repérer car elles contiennent une mémoire présymbolique des traumas et des défenses contre les traumas organisées collectivement. Elles sont souvent décodées en termes de résistances au processus et requièrent un surcroît de travail psychique de la part des thérapeutes.
S. Kecskemeti montre que les rites et rituels en institution psychiatrique peuvent se subdiviser en rites relatifs aux soins (spécifiques et non spécifiques) et en rites relatifs au fonctionnement de l’équipe soignante. Après leur description, certains aspects de ces rites sont commentés : leur capacité à rythmer la vie, en assurant la préoccupation soignante, leur aspect collectif, la notion de croyance partagée qu’ils impliquent, leur tendance à se couper progressivement de leur sens initial, et enfin leur intemporalité.
J.-M. Vives et M. Hamon s’intéressent aux dispositifs thérapeutiques qualifiés d’« interculturels » et supposés fonder une vérité à partir d’un savoir ethnographique sur l’autre. Ils montrent qu’en tant qu’exilé, le patient étranger sait qu’il n’est plus dans cet ailleurs symbolique et que l’y renvoyer imaginairement, par l’entremise du cadre du soin, fût-il ethnopsychiatrique, ne peut qu’apparaître comme un leurre.
Celui-ci dévoile l’énoncé d’un inconscient ethnique où les sujets d’une même ethnie sont comme moulés dans la symbolique culturelle qui prend l’allure d’un codage génétique, qui, de surcroît, abolit les différences subjectives là même où l’on prône des différences culturelles. Dans un second temps, les auteurs s’attachent à montrer en quoi le dispositif ethnopychiatrique n’est pas étranger aux modèles d’intelligences qui avaient pu être élaborés aussi bien par la psychiatrie coloniale qu’appliqués, de manière scientiste, par une certaine psychanalyse.