En l’absence d’un système de sécurité sociale collective et en raison du coût des soins hospitaliers, le particularisme des groupes ethniques au Laos ne peut que se renforcer dans un contexte où la survie économique reste le plus souvent tributaire de ressorts familiaux ou claniques. La simple proximité d’un établissement sanitaire public est, certes, importante, mais insuffisante pour produire un sentiment d’appartenance à une communauté nationale multiethnique. L’instauration d’un système d’assurances sociales, dont l’assiette devrait être bien plus large pour mobiliser des fonds que celle de la cellule nucléaire de type occidental, permettrait, à la fois, de trouver des sources de financement régulières et autochtones pour le système de santé publique, et de créer une solidarité organique entre toutes les communautés ethniques et culturelles. Ce système est peu éloigné de celui qui prévalait, autrefois, dans les villages bouddhistes. De petites unités sanitaires, comme un hôpital de district ou un dispensaire pourraient faire l’objet d’expériences pilotes, à condition d’améliorer la qualité du service pour inciter les villageois à cotiser à une caisse qui pourrait être placée sous le contrôle conjoint du maire du village et d’un responsable local du ministère de la Santé.
En retour, les agents des équipements publics auraient pour mission de s’intéresser à la situation particulière des minorités et de procéder à des évaluations critiques de la situation pathologique de leur espace médical. La santé pourrait alors être un moyen de forger une identité multiethnique.