Éditeur : Presses Universitaires de France – PUF (17 mars 2004) Collection : Libelles
Sophie Caratini est chercheur au CNRS. Elle s’inscrit dans une tradition anthropologique qui associe le retour régulier à un même terrain d’enquête (les sociétés nomades du nord-ouest saharien) à l’élaboration d’essais qui n’hésitent pas à jouer sur plusieurs registres d’écriture. Pour elle, tout écrit sur une culture » autre » impose la restitution de l’expérience commune qui est à la source du discours, donc une interrogation parallèle sur soi
Présentation de l’éditeur
Cet essai est né d’un agacement, toujours plus vif, ressenti par une anthropologue française qui se veut » ordinaire » devant la vanité des procès intentés à la discipline, et devant les réactions inutilement défensives de certains chercheurs. Quand le » postmodernisme » – américain ou non – » déconstruit » l’anthropologie, ou que telle historienne française crie à » la mort du phénix « , ce qui apparaît dans le creux des discours est une représentation des sciences humaines fondée sur un leurre. Plutôt que de répondre sur le terrain du leurre, Sophie Caratini propose une approche épistémologique qui dévoile la faille, et l’assume. Elle s’attache en effet à montrer que c’est justement cette faille qui est nécessaire pour qu’advienne quelque chose de l’ordre de la connaissance dans le domaine des sciences humaines. Tout texte anthropologique relève d’une expérience vécue de l’altérité, faite d’une rencontre entre sujets appartenant à des cultures différentes. Mais le point de vue » scientifique » qui légitime le statut du chercheur de » terrain » n’est pas tant lié à son regard prétendument » distancié « . Il résulte en réalité d’une négociation perpétuelle et d’une lutte intérieure – perpétuellement incertaine – entre l’ouverture et la fermeture de l’esprit.