Temps du sida. Une approche phénoménologique. Catherine Zittoun. Préface de Pierre Fédida. L’Harmattan, 2003, 210 p.

La clinique psychopathologique du sida s’est longtemps rapprochée de celle des maladies touchant au pronostic vital à court ou moyen terme, tels certains cancers. Aujourd’hui, la représentation temporelle du sida est en train de changer. On passe d’une logique marquée par l’urgence à une représentation de la maladie comme maladie chronique, c’est-à-dire une maladie avec laquelle il va falloir vivre et dont les traitements progressent par avancées marginales.

Chez les personnes séropositives, les études épidémiologiques ont authentifié une incidence de dépressions supérieure à celle des populations témoin ainsi que la présence d’autres troubles psychiques (troubles anxieux, troubles psychotiques). Cependant, le plus souvent, on n’a pas affaire à une psychopathologie classique. Devant certains patients, en dépit d’arguments qui évoquent la mélancolie, on est moins marqué par la douleur morale que par les dimensions d’incertitude, d’apragmatisme, d’immobilité et d’absence de projets ainsi que par un questionnement centré autour du temps.

Dans la première partie de cet essai, Catherine Zittoun aborde les modèles du temps à partir de Freud qui servent à une mise en perspective de la clinique du sida. Dans une deuxième partie, elle met en évidence les limites et les différences en deçà desquelles la clinique du sida peut servir de modèle à celle d’autres maladies touchant au pronostic vital. Dans une troisième partie, après un bref rappel sur la phénoménologie et les recherches phénoménologiques dans le domaine de la clinique, elle expose un modèle mettant en évidence les relations entre le temps, le sujet et l’altérité.

Ce modèle éclaire l’altération des représentations du temps et la transformation subjective telles qu’elles s’observent dans des affections mettant en jeu le pronostic vital, et ouvre la voie à des propositions thérapeutiques.

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