Transmission

Confrontations Psychiatriques n° 44

in Nervure n° 7 – tome XVII – octobre 2004

En pleine interrogation sur elle-même, la psychiatrie souffrirait-elle, comme le laisse entendre dans ce numéro Jean Guyotat, d’un malaise de la transmission ? Que devient la relation triangulaire maître-élève-patient sur laquelle se fondait naguère l’enseignement individuel ou groupal de la clinique ? Hélène Chaigneau en rappelle la richesse en évoquant tradition et remémoration. C’est aussi sur ces lieux de mémoire qu’insiste Serge Tisseron, avec leur poids de secrets et de non-dits qui peuvent parasiter les conditions affectives de la transmission. Michel Marie-Cardine décrit l’enseignement de la psychiatrie, dans les Facultés de médecine, en distinguant entre psychiatrie proprement dite, psychologie médicale, médecine psychosomatique, et en regrettant l’insuffisance de la formation psychothérapique. Marc Bourgeois redoute une absence de transmission des travaux psychiatriques français, et espère que la pédagogie médicale finira par un mariage de raison entre EBM et groupes Balint.

Laurent Schmitt, Philippe Birmes et Michel Escande font part de leur réflexion sur les diverses modalités de la transmission en psychiatrie, transmission d’un savoir, d’un savoir être et d’un savoir-faire, ainsi que sur les différentes techniques pédagogiques qui permettent cette triple transmission.

D. Pringuey et ses collaborateurs défendent une méthodologie groupale différente, en rupture avec la tradition balintienne.

S.-J. Darmoni, F. Thibaut et J. Weber proposent une université médicale virtuelle où l’enseignement serait basé sur la relation de l’étudiant avec son ordinateur.

Cyrille Koupernik plaide pour un « dualisme opérationnel » entre le corps et l’esprit, les médicaments et la psychothérapie, J.-D. Guelfi et M.-A. Crocq ramènent le DSM, souvent diabolisé, à sa juste mesure. Ils en rappellent les principes, en montrent l’intérêt, mais aussi les possibles mésusages. On est à cent lieues, évidemment, de la tradition psychiatrique française, telle que la représente l’oeuvre de Henry Ey. Jean Garrabé rappelle les grandes lignes de cette oeuvre magistrale, à laquelle s’est abreuvée toute une génération. Pierre Fedida défend la référence psychopathologique.

D’autres articles étudient les modalités de la transmission dans trois champs spécifiques de la pratique psychiatrique. Pierre Lambert et Paul Broussolle racontent l’aventure des médicaments psychotropes à partir de leur expérience au sein du Comité lyonnais de recherche en thérapeutique psychiatrique, Jacques Pellet et François Lang dans des « libres propos », invitent au dépassement des modèles monolithiques comme celui du secteur.

Silla Consoli montre que la psychiatrie de liaison est elle-même liaison, c’est-à-dire transmission, et illustre son texte d’exemples tirés du cinéma. Jacques Hochmann, se basant sur une enquête informelle réalisée auprès de ses collègues universitaires, marque la place importante conquise par la pédopsychiatrie dans l’enseignement médical.

Jouant sur le double sens du mot « transmission » (transmission de connaissance mais aussi transmission génétique), Jean Daléry fait le point sur les conceptions actuelles des rapports constitution-environnement, en développant la notion de vulnérabilité qu’il rapproche du modèle de la dégénérescence.

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