Une optique d’inclusion. Cahier d’exercices pour un regard sur l’exclusion et l’inclusion socio-économiques.

Préparé par Malcolm Shookner : Population Health Research Unit Université Dalhousie et Social Inclusion Reference Group Région de l’Atlantique Juin 2002 Santé Canada Direction générale de la santé de la population et de l santé publique – Région de l’Atlantique 1505, rue Barrington, bureau 1525 Halifax (Nouvelle-Écosse) B3J 3Y6 Téléphone : (902) 426-2700 Télécopieur : (902) 426-9689 Courriel : pphatlantic-spspatlantique@hc-sc.gc.ca Site Web : www.spsp-atlantique.ca

Une optique d’inclusion

Cahier d’exercices pour un regard sur l’exclusion et l’inclusion socio-économiques Qu’est-ce que l’inclusion socio-économique ? L’inclusion est une expression familière pour la plupart des gens dans le contexte de leur vie de tous les jours. Nous nous sentons inclus, ou exclus, des activités de notre famille, de notre quartier ou de notre collectivité. En Europe, l’inclusion et l’exclusion sont reconnues comme étant des questions sociales depuis les années 70, et elles sont devenues un élément central des politiques gouvernementales.1 Au Canada atlantique, les intervenants préoccupés par la pauvreté et ses nombreux effets négatifs sur la population s’intéressent de plus en plus au phénomène de l’exclusion et de l’inclusion socio-économique : La personne exclue – à cause de sa situation économique, de son sexe, de sa race, de problèmes de santé ou d’un manque d’instruction – n’est pas en mesure de récolter les mêmes bienfaits socio-économiques que les autres membres de la société.2

Qu’est ce qu’une politique d’inclusion ?

Une optique d’analyse est un outil de réflexion permettant de voir plus clair. Elle peut également offrir une nouvelle façon d’aborder les causes fondamentales de vieux problèmes, tels la pauvreté, la discrimination, les désavantages et l’invalidité. L’expression « optique d’inclusion » employée ici est une façon simplifiée d’analyser l’exclusion et l’inclusion socio-économiques. L’optique d’inclusion permet d’examiner les lois, les politiques, les programmes et les pratiques afin de vérifier s’ils encouragent l’inclusion socio-économique des particuliers, des familles et des collectivités. Elle favorise la recherche de nouvelles façons de penser et offre des solutions nouvelles à de vieux problèmes. En dernière analyse, elle présente une nouvelle façon de favoriser les changements qui transformeront la société. L’optique d’inclusion est conçue pour aider les décideurs, les gestionnaires de programmes et les dirigeants communautaires qui travaillent dans le contexte de l’exclusion socio-économique, tant le secteur public que sans but lucratif. Il s’agit également d’un outil pratique pour les activistes des mouvements sociaux, tels que les regroupements de femmes et de personnes handicapées, et pour les intervenants qui cherchent à promouvoir la santé et le développement durable au sein des collectivités. Elle permet d’analyser les facteurs d’exclusion et les solutions qui facilitent l’inclusion. Enfin, elle fournit un moyen d’entreprendre l’élaboration d’un plan d’inclusion.

Pourquoi un tel outil est-il nécessaire ?

La prise de conscience des phénomènes d’exclusion et d’inclusion socio-économiques a permis de jeter une lumière nouvelle sur la pauvreté et le désavantage, ainsi que leurs incidences sur la santé et le bien-être. Elle a permis également l’adoption de principes d’action fondées sur une vision commune dans tous les secteur de la société et au sein des autorités gouvernementales. L’un des objectifs fondamentaux de la Direction générale de la santé de la population et de la santé publique de Santé Canada, Région de l’Atlantique, consiste à influer sur l’élaboration de politiques et programmes de santé publique qui tiennent compte des déterminants de l santé et qui font la promotion de l’inclusion socio-économique.

Les stratégies de promotion de l’inclusion socio-économique mettent en œuvre des mesures qui répondent aux préoccupations des particuliers, de la famille, de la collectivité et de la société. Les problèmes complexes exigent des solutions complexes. Il est nécessaire que plusieurs secteurs de la société agissent de concert afin de tenir compte de la nature systémique de l’exclusion. Les décideurs ont besoin d’outils et de méthodes pour pouvoir élaborer des politiques publiques inclusives. Ces outils permettent de concrétiser les concepts d’exclusion et d’inclusion socio-économiques de façon à ce qu’ils puissent alimenter le processus d’élaboration des politiques publiques. De même, les responsables et les gestionnaires de programmes ont besoin d’outils qui leur permettent de s’assurer que leurs programmes atteignent bien les populations ou collectivités exclues.

Comment appliquer l’optique d’inclusion ?

Ce nouvel outil peut être employé dans une grande variété de contextes pour analyser les conditions qui empêchent les particuliers, les collectivités et les populations de bénéficier des avantages socio-économiques de la sociét en général au Canada atlantique.

1. Tous les paliers de gouvernement peuvent appliquer l’optique d’inclusion pour analyser leurs lois, politiques et programmes afin de déterminer s’ils favorisent l’exclusion ou l’inclusion des individus marginalisés, désavantagés, pauvres ou victimes de discrimination.

2. Les organisations non gouvernementales peuvent appliquer l’optique d’inclusion pour vérifier si les politiques, programmes et pratiques qu’elles emploient favorisent l’exclusion ou l’inclusion des individus dans les situations de vulnérabilité.

3. Les groupes communautaires peuvent appliquer l’optique d’inclusion dans leurs activités de planification, de développement et d’action sociale afin de déterminer la nature des sources d’exclusion dans les collectivité et les politiques gouvernementales et trouver des solutions qui favorisent l’inclusion.

Dimension de l’exclusion et de l’inclusion L’exclusion et l’inclusion socio-économiques englobent différentes dimensions : culturelle, économique, fonctionnelle, participative, physique, politique, structurelle et relationnelle. Il faut de plu tenir compte de nombreux éléments d’exclusion et d’inclusion en analysant une politique, un programme ou une pratique.

L’optique d’inclusion :

Agir pour l’inclusion L’application de l’optique d’inclusion vous a permis d’analyser les sources d’exclusion au sein d’une population ou d’une collectivité donnée et de trouver des solutions qui favorisent l’inclusion. Vous avez en outre élaboré un plan d’action.

Que sont l’exclusion et l’inclusion socio-économiques ?

Il existe plusieurs définitions de l’exclusion et l’inclusion socio-économiques, selon le type de recherche en cours au Canada atlantique et ailleurs. Vous êtes invité à utiliser la définition qui correspond le mieux à vos besoins.

Extrait de Plaidoyer pour l’inclusion socio-économique : 3 La personne incluse se sent acceptée, est capable de participer pleinement à la vie de sa famille, de sa communauté et de sa société. Au contraire, la personne qui est exclue – à cause de sa situation économique, de son sexe, de sa race, de problèmes de santé ou d’un manque d’instruction – n’est pas en mesure de récolter les mêmes bienfaits socio-économiques que les autres membres de la société

Extrait de la Documentation de base sur l’inclusion sociale et économique : 4 L’exclusion sociale et économique est décrite comme ce qui se produit lorsque les personnes n’ont ou ne peuvent avoir accès à l’éducation, au marché de travail, à un logement acceptable, aux soins de santé et à d’autres conditions qui permettent de vivre dans l’aisance, de contribuer pleinement à la société et de se sentir valorisées et respectées par leur communauté. L’inclusion sociale et économique, c’est le besoin de s’attaquer à la pauvreté et à l’exclusion en faisant participer ceux et celles qui ne sont pas entendus et qui sont vulnérables dans l’élaboration des politiques qui affectent leur vie. L’inclusion invite la participation des gens et des groups aux processus de planification, de prise de décisions et d’élaboration des politiques pour leur communauté. En lui offrant les possibilités, les ressources et le soutien nécessaires pour participer, le citoyen dispose d’un certain niveau de contrôle.

Extrait de Development as Freedom : 5

L’inclusion est caractérisée par l’expérience sociale largement partagée et la participation active d’une société, par l’égalité généralisée des possibilités et des chances de la vie qui s’offrent aux individus sur le plan individuel, et par l’atteinte d’un niveau de bien-être élémentaire pour tous les citoyens. [traduction]

Extrait de What needs to change ? Toward a vision of social inclusion for children, families and communities : 6

L’inclusion sociale reflète la capacité et la volonté de notre société à maintenir tous les groupes à la portée de ce que nous attendons d’une société : l’engagement et les investissements dans le tissu social visant à nous assurer que les individus vulnérables sur le plan social et économique peuvent partager nos aspirations communes, notre mode de vie et la richesse de la communauté. [traduction]

Exclusion, inclusion et santé

L’inclusion socio-économique fournit un cadre de travail englobant tous les déterminants de la santé. Des études internationales ont démontré que les inégalités économiques sont un puissant déterminant de la santé. Plus grand est l’écart entre riches et pauvres, moins l’état de santé de l’ensemble de la population est bon .7 Un revenu, un niveau de scolarité et un réseau de relations adéquats permettent aux individus de participer à titre de membres actifs de la sociét .8 L’expérience de l’exclusion peut être constatée à travers les relations entre les différents déterminants de la santé :9

Chaque liaison renforce encore l’expérience d’exclusion et, tout au long du cycle de vie, cette expérience ne fait que s’aggraver. Le lien entre un accès limité aux ressources, un statut social inférieur, un faible niveau de scolarité et le développement sain de l’enfant, tout comme un niveau élevé d’intolérance raciale et de chômage, des réseaux sociaux fragmentés et un accès limité aux services de santé, sont autant de facteurs qui renforcent l’exclusion.10 L’exclusion engendre des coûts tant sociaux qu’économiques. Alors que le nombre de personnes qui ne peuvent participer à leur communauté augmente, leurs problèmes personnels influent sur le bien-être de l’ensemble de la société.11 La pauvreté conduit à une mauvaise santé. Une mauvaise santé conduit au chômage. Le chômage conduit à une plus grande pauvreté et à une hausse dans le crime et la violence. Ce sont tous les coûts pour lesquels nous devons payer maintenant et pour lesquels nos enfants continueront à payer.12

Les déterminants de la santé 13

Une approche fondée sur la santé de la population doit mesurer et analyser l’ensemble des facteurs (et de leurs interactions) susceptibles d’influer sur la santé. Ces facteurs, communément appelés « déterminants de la santé », comprennent les environnements social, économique et physique, le développement de la petite enfance, les habitudes de santé personnelles, la capacité d’adaptation individuelle, le patrimoine biologique ainsi que les services de santé.

Revenu, répartition du revenu et statut social : Les recherches indiquent que le revenu et le statut social constituent les plus importants déterminants de la santé. Les études démontrent que l’état de santé croît avec le revenu ou le statut social. De plus, les sociétés qui sont raisonnablement prospères et qui ont une répartition équitable de la richesse ont les populations qui sont le plus en bonne santé, sans égard aux sommes dépensées en soins de santé.

Réseaux de soutien social : Une bonne santé est associée au soutien de la famille, des amis et de la communauté. Certaines études démontrent que les effets des relations sociales sur la santé peuvent avoir autant d’importance que les facteurs de risque connus comme le fait de fumer, l’obésité, une pression artérielle élevée ou un style de vie sédentaire.

Scolarité : L’état de santé s’améliore au fur et mesure que le niveau d’instruction et de connaissances s’élève, y compris la perception d’être en bonne santé ou les indicateurs d’une mauvaise santé commes des limites sur le plan physique et la perte de journées de travail. L’instruction augmente la possibilité d’un meilleur revenu ainsi et niveau de sécurité d’emploi et donne aux gens le sentiment qu’ils ont la maîtrise de leur vie – et des facteurs clés qui ont des conséquences sur leur santé.

Emploi et conditions de travail : Les gens qui ont une meilleure maîtrise de leur situation de travail et qui subissent moins de stress au travail sont en meilleure santé. Les accidents ou les blessures en milieu de travail sont parmi les causes importantes de problèmes de santé. Par surcroît, le chômage est associé à une mauvaise santé.

Environnement social : Les valeurs et les règles qui régissent une société ont des effets sur la santé des individus et des populations. Une stabilité sur le plan social, la reconnaissance de la diversité culturelle, la sécurité, des relations humaines harmonieuses et une cohésion dans la communauté ont pour résultat un milieu social favorable qui réduit les causes susceptibles de nuire à la santé de la population.

Environnement physique : Les facteurs physiques liés au milieu naturel comme la qualité de l’air, de l’eau et des sols ont une influence primordiale sur la santé. Les facteurs liées au milieu bâti comme la conception des bâtiments, la sécurité en milieu de travail, l’état des routes et des infrastructures sont aussi très importants.

Développement de la petite enfance : Les effets des incidents ayant eu lieu avant la naissance ou durant la petite enfance sur la santé d’un individu à un âge plus avancé, sur son bien-être, sur sa capacité d’adaptation et sur ses habiletés sont très puissants. Par exemple, un faible poids à la naissance peut entraîner des problèmes de santé et des problèmes sociaux tout au long de la vie. En outre, plus le revenu de la mère augmente, plus elle aura un enfant dont le poids sera élevé à la naissance, en moyenne, en comparaison avec les femmes dont le revenu est inférieur.

Habitudes de santé personnelles : Les habitudes personnelles comme le fait de fumer ou de consommer d’alcool ou des drogues, de se nourrir sainement, de faire de l’activité physique ou tout autre comportement, ont des répercussions sur la santé et le bien-être des individus. Nombre de ces problèmes de santé les plus courants sont liés à des habitudes personnelles.

Capacité d’adaptation personnelle : Un environnement social qui permet d’adopter un style de vie harmonieux, de faire des choix sains, et qui permet aux gens de développer les connaissances, la volonté, les comportements et la capacité d’adaptation nécessaires pour faire face à la vie de façon saine aura des conséquences positives importantes sur la santé de ces personnes.

Patrimoine biologique et génétique : Le patrimoine fondamental d’un individu sur le plan biologique et organique est à la base des déterminants de la santé. Les prédispositions dont il a hérité en cette matière ont une incidence sur la manière dont il sera touché par des maladies ou des affections particulières.

Services de santé : Les services de santé, particulièrement ceux qui sont conçus pour maintenir et promouvoir la santé, prévenir les maladies et les blessures, aider à recouvrer la santé et contribuer à la santé de la population en général sont des déterminants de la santé.

Sexe : Se rapporte à tous les différents rôles, traits de la personnalité, attitudes et comportements des individus ainsi qu’aux influences et aux pouvoirs relatifs que la société attribue à chacun des deux sexes. Les individus d’un même sexe ont des problèmes de santé spécifiques ou peuvent être affectés de manière différente par le même problème de santé.

Culture et origine ethnique : Les conséquences liées à la culture et à l’origine ethnique viennent aussi bien des antécédents personnels de l’individu que de facteurs situationnels, sociaux, politiques, géographiques et économiques plus importants. Il est reconnu que la culture et le sexe influencent sous bien des aspects tous les autres déterminants de la santé. La liste des déterminants de la santé pourrait changer à mesure que les recherches en santé de la population nous révèleront de nouvelles idées expliquant les facteurs et les conditions qui ont une incidence sur la santé ou qui contribuent à son maintien.

Notes :

1. Janet Guildford, Plaidoyer pour l’inclusion socio-économique, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, Région de l’Atlantique, Santé Canada, Halifax, 2000. www.spsp-atlantique.ca

2. Idem.

3. Idem.

4. Le Centre d’excellence pour la santé des femmes – région de l’Atlantique, Documentation de base sur l’inclusion sociale et économique, Halifax, 2000. www.medicine.dal.ca/acewh

5. Amartya Sen, Development as Freedom, Anchor Books, 2000.

6. Christa Freiler, What needs to change ? Towards a vision of social inclusion for children, families and communities, draft concept paper, Laidlaw Foundation, Toronto, October 2001. www.laidlawfdn.org/

7. Guildford.

8. Idem.

9. Santé Canada, Apprentisage clé numéro deux tiré du travail de la DGSPSP, région de l’Atlantique, sur l’intégration sociale et économique 1998-2000, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, Région de l’Atlantique, Santé Canada, Halifax, 2000.

10. Idem.

11. Le Centre d’excellence pour la santé des femmes – région de l’Atlantique.

12. Ibid.

13. Santé Canada, Le modèle de promotion de la santé de la population : Éléments clés et mesures qui caractérisent une approche axée sur la santé de la population, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, Secrétariat aux politiques stratégiques, Santé Canada, Ottawa, juillet 2001. www.hc-sc.gc.ca/hppb/ddsp/pdf/discussion_fr.pdf

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