Yoram MOUCHENIK : « Ce n’est qu’un nom sur une liste mais c’est mon cimetière. Traumas, deuils et transmission chez les enfants juifs cachés en France pendant l’Occupation »

Grenoble : La Pensée Sauvage ; 2006. 176 p. Prix éditeur : 20 €

Préfaces de Boris Cyrulnik et Marie Rose Moro.

Yoram MOUCHENIK est psychologue-psychothérapeute, Docteur en anthropologie, chargé de cours à l’Université Paris 13 et consultant pour Médecins Sans Frontières.

« À partir du moment où nous sommes revenus à la maison, en 1945, jusqu’à la libération des camps, on y croyait encore. On attendait maman, on écoutait les listes à la radio. Papa allait à Paris pour voir devant l’hôtel Lutétia les listes qui étaient affichées…
Pendant des années, je ne pouvais pas parler. J’assistais aux manifestations, mais je ne témoignais pas, je ne parlais de rien. J’en étais absolument incapable, j’étouffais, je pleurais. »

Ce livre décrit le cheminement contemporain d’un groupe spécifique d’enfants juifs, orphelins de la Shoah, qui ont survé­cu au génocide, cachés et traqués. Soixante ans plus tard, la communauté de destin de leurs parents déportés par le même convoi, partis de France pour Auschwitz en 1942, sera le lien pour la création d’une association. Les récits des uns et des autres permettent de percevoir les multiples itinéraires où cha­cun avait encore à élaborer les traumatismes d’une enfance saccagée. Mais au-delà des douleurs, cet ouvrage, dans son approche originale, explore les dynamiques personnelles et collectives, étayées par le groupe, qui transforment les anciens « enfants cachés » en passeurs de mémoire et d’histoire, pour ne pas les figer comme le dernier maillon d’une chaîne brisée.

[SOMMAIRE]

PRÉFACE DE BORIS CYRULNIK : « J’aimerais tant pouvoir en parler »

PRÉFACE DE MARIE ROSE MORO : « Tragique paradigme : les enfants juifs cachés en France pendant l’Occupation »

INTRODUCTION

MARC : « Personne ne nous a psychanalysés après cette guerre, personne ne nous a aidés à supporter les conséquences de cette guerre »

HENRI :  » Pendant longtemps, j’ai erré sans pouvoir savoir qui m’avait sauvé la vie »

ODILE : « Ce n’est qu’un nom sur une liste, mais c’est mon cimetière »

MICHÈLE : « Je marchais sur la pointe des pieds car j’avais l’impression de marcher sur les morts »

NICOLE : « Dans mon ventre, mes enfants étaient déjà traumatisés par l’horreur et par le désespoir que j’ai toujours portés »

ÉLIANE : « Je me rendais à peine compte que je vivais encore »

SYLVIE : « J’insistais pour qu’il n’y ait pas cet oubli et cette seconde disparition des personnes déportées du fait qu’il ne serait rien écrit sur elles »

MARTINE :  » On savait qu’il ne fallait pas qu’on parle de cela, c’était la douleur »

ERNEST : « Je suis un peu un chien de garde du souvenir »

MAURICE : « Un bled s’appelait « la mort-aux-juifs », en pleine Beauce, on a fait une action pour supprimer ce lieu-dit

ADRIENNE : « On a beau nous dire : faites le deuil, moi je ne veux pas faire le deuil, faire le deuil c’est mourir une seconde fois »

ALBERT : « Je me réveille au milieu de la nuit et je m’inquiète, je dois me lever et allumer la lumière ou la télévision pour faire du bruit. Pour pouvoir penser à autre chose »

ROGER : « Je n’ai jamais su pourquoi je m’emportais comme ça »

VÉRONIQUE : « Quand j’étais petite fille, toute petite-fille jusqu’à mon adolescence, j’étais persuadée que la Shoah n’était arrivée qu’à ma mère »

GÉRARD : « L’enfant sait intuitivement qu’il s’est passé un drame, il a tendance à vouloir réparer, il n’en parle pas »

LUCIEN : « Chacun revenait cassé, brisé et voulait refaire une vie en essayant d’oublier »

CONCLUSION / BIBLIOGRAPHIE

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