Zoos humains. De la Vénus hottentote aux reality shows. (notice bibliographique)

Sous la direction de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boetsch, Éric Deroo, Sandrine Lemaire ; La Découverte, 2002, 480 p.

Les « zoos humainó », ce sont ces exhibitions qui ont marqué tout le XIX, siècle et le premier tiers – au moins – du XXe siècle, depuis les freaks shows (les spectacles de monstres) du célèbre Barnum aux USA, jusqu’aux soixante-dix ethno shows organisés par l’Allemand Hagenbeck entre 1874 et 1932, en passant par les villages nègres des expositions coloniales françaises et britanniques, ou… les vôlkerschauen suisses. Les auteurs ont réuni une cinquantaine de contributions, pour nous démontrer que ces attractions n’étaient pas des manifestations marginales ou extrêmes du complexe de supériorité des Européens, ou de leur fascination pour l’anormalité, puis pour le sauvage, puis pour l’exotique. Les succès populaires qu’ils rencontrèrent indiquent bien que c’est toute une vision du monde que ces spectacles ont mise en scène. Ils ont forgé le regard sur l’Autre des Occidentaux entre 1830 et 1940, et ils ne peuvent pas ne pas avoir laissé de traces dans notre inconscient collectif.

La démonstration est convaincante. Peut-être trop, tellement l’énumération de ces diverses manifestations devient parfois un peu fastidieuse. Mais on voit bien comment le spectacle « anthropo-zoologique » du XIX, siècle ancre dans les masses populaires l’idée de « hiérarchie des races ». De même, on comprend comment les villages nègres et toutes les reconstitutions des expositions coloniales – on n’y montrait plus le sauvage, mais l’indigène en route vers « la » civilisation étaient là pour légitimer la « mission de l’homme blanc ».

Enfin, si l’utilisation du terme « zoo humain » est parfois un peu caricaturale ou sujette à controverses, la démonstration d’ensemble est sans appel : c’est un pan entier de notre histoire récente qui resurgit là et qu’il convient de regarder sans culpabilité et sans complaisance. Cette somme nous y aidera.

Ph. D.

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