Editions La Découverte, 2006. 276 p. 23,50 €
Evelyne RIBERT, sociologue, est chargée de recherche au CNRS, au Centre d’Etudes transdisciplinaires (sociologie, anthropologie, histoire). Elle travaille essentiellement sur deux axes de recherche : la précarité en relation avec les liens familiaux et la situation des jeunes issus de l’immigration en France au regard de l’identité et de la nationalité. Liberté, égalité, carte d’identité. Les jeunes issus de l’immigration et l’appartenance nationale est le titre sous lequel sa thèse de doctorat a été récemment publiée.
24 mars 2005 : l’apprentissage de La Marseillaise redevient obligatoire à l’école. Deux ans auparavant était créé un « délit d’outrage au drapeau tricolore ou à l’hymne national ». Pourquoi cette soudaine crispation autour des symboles de la nation ? À cause de l’émotion suscitée par les incidents qui ont émaillé, en 2001, le match de football France-Algérie au Stade de France, au cours duquel La Marseillaise a été conspuée par des jeunes d’origine algérienne. L’affaire a fait grand bruit. Ces incidents ont été interprétés par les hommes politiques, de droite comme de gauche, et par les médias comme le signe indubitable de la crise du pacte républicain et des difficultés, voire de l’échec, du processus d’intégration. Qu’en est-il réellement ? Que représente donc l’appartenance nationale pour les jeunes issus de l’immigration ? On ne connaît guère le point de vue des intéressés. C’est la raison pour laquelle Évelyne Ribert a mené pendant plus d’un an une enquête de terrain en Île-de-France. Le livre qui en est issu, émaillé de récits d’observations et de paroles d’adolescents, donne à voir concrètement comment le choix d’une nationalité est vécu. On découvre que le lien que ces jeunes entretiennent avec la France ou avec le pays d’origine de leurs parents repose souvent sur autre chose que l’appartenance nationale, mais aussi que les attachements qui se tissent avec l’un et l’autre pays n’engendrent aucun écartèlement identitaire. Signe d’un changement d’époque ? Il semble en effet que le sentiment d’appartenance nationale s’affaiblisse au sein de la jeunesse, en France mais aussi dans les autres pays européens. L’idée que la nation soit au centre des représentations collectives se trouve ainsi sérieusement remise en cause.