Éditeur : MSH (1 mars 2003)
Collection : Méditerranée-sud
Ethnologue, Marie-Luce Gélard poursuit ses recherches en liaison avec le Laboratoire d’anthropologie sociale (EHESS-Collège de France), et travaille notamment sur les représentations de la parenté et les théories locales consubstantielles (colactation et parenté de lait)
Présentation de l’éditeur
Au sud-est du Maroc, les Aït Khebbach, groupe berbère naguère nomade, sont aujourd’hui en majorité sédentarisés dans une enclave saharienne. En contraste avec cette situation actuelle étriquée, on retrouve dans leurs représentations le souvenir qu’ils conservent d’avoir appartenu à un groupe de guerriers libres et puissants. Cherchant à comprendre les fondements de leur cohésion, Marie-Luce Gélard a entrepris une observation patiente et minutieuse des activités quotidiennes de la tribu, apprenant à distinguer les domaines propres à l’activité masculine – l’irrigation et la culture des champs, l’attribution des terres – de ceux du monde féminin, comme le transport de l’eau ou la confection du pain. Elle a porté son regard sur la vie familiale, les cérémonies de mariage et les rituels d’alliance. Elle a prêté enfin une importance toute particulière aux mots (prononcés ou évités) et à tous les récits qui soutiennent la mémoire collective (récits de fondation et mythe d’origine). Au gré de son enquête, un élément diffus, implicite et complexe prend forme peu à peu jusqu’à apparaître comme un système de valeurs extrêmement cohérent centré sur l’honneur. Les discours et les pratiques qu’il investit engendrent une multiplicité de références et de représentations dont l’auteur reconstruit patiemment la logique interne. Son entreprise est singulièrement captivante. Car, au-delà des pratiques et des interactions sociales observables, elle permet de révéler un niveau latent de la culture, référence inconsciente et subie qui agit comme un fait de structure