Ce volume est constitué de deux recueils, représentatifs des deux directions fondamentales, étroitement mêlées, de la pensée de Pichon-Rivière – le premier texte est la transcription, établie par Fernando Tarago, disciple et collaborateur proche de Pichon-Rivière, d’un séminaire sur la « méthodologie de l’entretien », donné par l’auteur au siège de l’Association psychanalytique argentine d’octobre 1956 à fin 1957 -, le second recueil rassemble des textes introductifs, commentaires et critiques en rapport avec le thème de la création, y compris ses fameuses études sur la vie et l’oeuvre d’Isidore Ducasse, citées en référence dans la présentation des éditions françaises contemporaines des Chants de Maldoror.
Psychiatre et psychanalyste argentin d’origine française (1907-1977) ; véritable fondateur du freudisme en Argentine, Enrique Pichon-Rivière est aussi incontestablement la figure la plus éminente de l’école psychanalytique latino-américaine. A la fois socialiste et adepte de la psychiatrie dynamique, il développa toutes les formes de psychothérapies des psychoses qui mettaient en cause la nosographie classique, le nihilisme thérapeutique et l’enfermement. Aussi s’orienta-t-il vers diverses formes de pratiques de groupe, depuis la création en 1947 de ce qu’il appelait le « groupe opérationnel » jusqu’à la fondation en 1959 de l’Ecole de psychologie sociale, où il put transmettre un enseignement original et ouvert fondé sur sa conception de la « maladie unique ».
Par ce concept, il assigne un cadre psychosomatique à la psychose en général en rapprochant trois entités, la mélancolie, l’épilepsie et la schizophrénie. Selon lui, névrose et psychose se différencient moins par leur structure que par la profondeur des positions régressives qu’elles engendrent. D’autre part, il n’a de cesse d’établir des relations de causalité multidimensionnelle entre la structure intrapsychique et la dynamique du réseau relationnel dans lequel se constitue le sujet.